Avec les paras du 1°

 

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 - Aussitôt après la deuxième guerre mondiale fut édité un album dont le titre est " AVEC LE PREMIER REGIMENT DE CHASSEURS PARACHUTISTES " . - Le tout est composé d'une grosse chemise cartonnée très solide dont la couverture représente un parachutiste et une rangée d'avions DOUGLAS. A l'intérieur 3 pages écrites par le Sergent Parachutiste Arthur GOUELLE et 8 magnifiques dessins de JP LENOIR décrivant les différentes phases du saut. - Trouvé dans une brocante cet album représente un témoignage important pour notre Régiment. Sa rareté ( 500 exemplaires édités ) en font bien sûr un objet de valeur pour qui s'intéresse à l'histoire du 1° R.C.P. 

 Préliminaire: Le texte du Sergent  Arthur GOUELLE  est postérieur à la Seconde Guerre Mondiale , car il évoque les distinctions gagnées par le 1° RCP  lors des Campagnes des VOSGES et d' ALSACE ( Citation pour la Campagne d' ALSACE : 2 Juillet 1945 )  . Les illustrations dues au talent de J.P.LENOIR  sont antérieures à la description car elles présentent des acteurs en calot de l' Armée de l' Air .Rappelons ,si besoin est ,que le 1° RCP a quitté l' Armée de l' Air pour l' Armée de Terre le 1° Aout 1945 .

Il y a donc un léger décalage entre le texte et les illustrations .
Nous estimons que les croquis ont été réalisés soit lors du séjour à OUJDA ( MAROC) au sein du AIRBORNE TRAINING CENTER en 1943 , soit en SICILE près de TRAPANI en 1944 lors des préparatifs à l'invasion de l' Ile d' ELBE
Il y a aussi une certaine incohérence , en ce sens , que les scènes proposées mêlent  sauts de brevet , sauts d' entretien et sauts de manoeuvre ...aussi le lecteur un tant soit peu initié en matière parachutiste se sent  désorienté .
Le rédacteur fera largement appel aux souvenirs de Monsieur Raymond  MORIN , ancien Parachutiste du 1° R.C.P.(en INDOCHINE avec la 4° Compagnie  au sein de la Demi Brigade de Marche Parachutiste notamment ) qui débuta sa carrière en 1946 au 20° R.A.A.P. à SETIF.Monsieur Raymond MORIN a parfaitement connu tous les grands anciens qui sont à l' origine des Aéroportés et du 1° RCP en particulier , il a eu le privilège d' entendre maints récits de ces "précurseurs" tant Officiers que sous Officiers . 
 

  Ce dessin est une mise dans l' ambiance ...il renseigne sur le style de l' artiste ,J.P. LENOIR .Ce dernier se veut très évocateur mais son oeuvre ne saurait constituer une référence tant aux plans uniformologie qu' équipements .

Le para très martial du 1° RCP ,équipé sur fond d' avions en colonne , annonce le sujet de l' album : Une séance de sauts au 1° RCP .

"Personnellement , en raison du nombre peu important de stagiaires dans une mème promotion , que ce soit à SETIF,à PHILIPPEVILLE , à BLIDA ou à BAC MAI (HANOÏ) je n' ai jamais vu plus d'un avion effectuer un largage dans un mème jour Peut être deux mais pas d' avantage "  R.M.

 

  

  

  

  Nous en sommes à ce qui correspondait au temps du CAMP d' IDRON au commandement "Vérification ,essayage, formez les faisceaux " l' ensemble de la composition donne une impression sinon de désordre tout au moins d'une certaine bonhomie .A y regarder de plus près on voit des alignements de parachutes . .Quelques paras discutent en groupe ..ou reçoivent d'ultimes consignes .Un binome procède à la vérification des parachutes .Un autre binome au premier plan  commente un document ...liste d' embarquement , déroulement de la manoeuvre ? Certains paras sont allongés à méme les faisceaux .

"Jamais il ne m' a été donné d' assister à un tel désordre .Pourtant Dieu sait si le laxisme règnait à SETIF en 1946 , notamment auprès des moniteurs quant à leur tenue personnelle .Par exemple le Sergent chef Roland GIRAUD était toujours suivi de son chien qui l'accompagnait mème dans l' avion pendant les sauts .Le Caporal LESTE sautait en short et chemisette parce qu'il avait trop chaud en treillis ou en combinaison .Quant aux casques , tous les modèles étaient tolérés  .Bien d' autres fantaisies étaient permises , mais lors des sauts de brevet la procédure était extrèmement rigoureuse et jamais un tel désordre n' aurait été toléré "R.M.

"avant de serrer les jugulaires il y a la perception des parachutes , la formation des faisceaux ,la rédaction du PARA G.7 (liste de saut)A mon arrivée au 1° RCP nous avions la charge de plier nous mèmes les parachutes après le saut pour préparer le saut suivant " R.M. Le moniteur n'intervenait que dans les sauts de brevet pour procèder aux vérifications .A ce propos "L' auteur dit que le moniteur chevronné comptait 250 sauts .Cela me parait exagèré.On ne sautait pas beaucoup à cette époque " R.M.

On ne voit pas d' armes .Un casque est ostensiblement orné du Drapeau Tricolore qui identifie le 1° RCP Dans le lointain un Dak vole vers sa D.Z .  

 

"Dernières consignes sous les ailes "

Les 18 paras ( capacité d'emport du Dak ) prets à embarquer sont alignés sous l' aile .

Face à eux un cadre casqué et équipé , encadré de deux personnages, non équipés, coiffés d'un calot de l' Armée de l' Air , semble rappeler  des consignes et prodiguer des encouragements ." On n' attendait pas d'être sous l' aile pour recevoir les consignes , surtout si les moteurs tournaient " R.M.

Le fuselage de l' avion est orné de parachutes et de croix rouges qui pourraient indiquer le nombre de missions de parachutage ou d' évacuation sanitaire à l' actif de l' équipage .Cet usage probablement laissé à l' appréciation des Commandants d' Escadrilles n' est pas généralisé si l'on en juge par les photos d' époque . Le dessinateur n' a représenté ni arme ni charge ou autre gaine . 

 

 Gros plan sur le Dak 56 . "Que vient faire cette pin up sous le cock pit ? Je n' ai pas le souvenir d' avoir vu une chose pareille à mon époque !!Quant aux icones surmontant les hublots, je pense la aussi qu'il s' agit d'une invention de l'illustrateur ." R.M.

Dernier brieffing pour l' équipage au pied de la cabine .Cette image est probablement très éloignée de la réalité car le stick au commandement "Direction la roulette de queue" R.M. embarquait dans l' avion moteurs tournants .

Les paras sont embarqués , l' échelle  encore fixée au seuil de porte  va bientot être enlevée .Le moment du décollage est très proche.

 

 18 paras répartis sur les sièges pour le vol d' approche de la DZ . Le dessinateur n' a pas représenté les cables (bas ) static lines de l'époque , de largage ..c' est étonnant .Les paras ont l' air un peu" coincés" .Généralement pour leur faire oublier leur appréhension le largueur  les faisait chanter .Quelques rengaines avaient la cote ainsi :Ah ! arretez largueur j' ai un poil du cul pris dans la portière , Ah ! arretez largueur j' ai un poil du cul pris dans le marchepied ."

"A l' époque nos chansons de base étaient plutot : Mon père était Parachutiste ...et , ou Des mousquetaires , sur cette terre ..." R.M. Ces chants figurent à l'inventaire  Héritage / Symbolique du site CAMPIDRON .

"Pour ce qui est du chant pendant le vol , jamais je n' ai entendu un stick chanter .Pendant le transport du cantonnement vers l' aérodromme oui , parfois, mais jamais dans l' avion .D' abord on n' aurait pas entendu grand chose avec le bruit des moteurs .et puis on était plus préoccupé par le bon réglage de son ventral , de son mousqueton qua par l' envie de chanter " R.M.

Les casques sont tous ornés du Drapeau Tricolore il ne semble pas que ce fut systématiquement le cas . 

 

 Deux Daks  ,aile dans aile , avec un parachutiste "en position " dans l' attente du "GO" libérateur .Le dessin rend mal cet instant .Le rédacteur se souvient très bien que la porte est basse et qu'en position le para est très fléchi sur les genoux une jambe nettement en avant , tète relevée, pret à s' ejecter .Sur cette représentation nous sommes loin de la position réglementaire que seul le premier avait généralement le temps matériel d'observer .  

 Le largage: C' est parti les corolles commencent à s' épanouir .. "Nous sommes bien en configuration : voilure d' abord.D'ou le choc brutal à l'ouverture et bleus garantis aux épaules si le règlage des sangles n' a pas été bien fait Parfois aussi nez endolori par un casque mal ajusté .On avait interet à bien protèger ses bijoux de famille si l'on ne voulait pas se voir sinistré de ce coté la pour le reste de sa vie " R.M. 

 

 Mise à terre : Largage terminé ,sous la surveillance de l' équipe de marquage les paras goutent les derniers instants de sérénité de la descente sous voile .L' équipe de marquage est coiffée de calots de l' Armée de l' Air .Comme les jeeps - ornées du drapeau Tricolore - les postes radio  pour les liaisons air sol sont U.S. "L' équipe de transmissions au sol porte le calot de l' Armée de l' Air Ces calots étaientencore dans le paquetage au 1° R.C.P. fin 1946 " R.M.  

 Action au sol : Mystérieusement les armes sont apparues ..on peu reconnaitre ,avec un peu d'imagination ,un P.M. THOMPSON, une carabine USM1 et un Fusil GARAND modèle 40 ."Si mes souvenirs ne me trompent pas le Colt était porté par les Officiers et les Sous Officiers Chefs de Section Certains y ajoutaient la carabine US suivant les missions " R.M.

Outre le casque US avec sous casque et jugulaire à  mentonnière , les paras portent une toute moderne tenue de saut en coton couleur sable .Ils sont chaussés de jumping boots et dotés d' équipements de toile US.Au coté ils ont un poignard et parfois un colt 45 .A propos d' équipements :"En 1946 les stagiaires paras étaient encore équipés de godillots à clous Je ne vous raconte pas les valdingues pendant le vol et les trous d' air,sur le plancher métallique des JUNKERS 52 il a fallu que le 1° RCP leur prète des rangers pour stopper le cirque " R.M.

"Les tenues ont varié suivant les époques.Celle représentée ici a été remplacée en ALGERIE des 1946 par le treillis U.S." R.M. 

 

 En conclusion il s' agit avec cet ouvrage au tirage limité d'une évocation intéressante car témoin de la courte période qui se situe entre la seconde Guerre Mondiale et le début de la Guerre d'INDOCHINE .Le texte du Sergent narrateur ,destiné au grand public, pourrait prèter à quelques remarques ... ces dernières n' apporteraient rien ...car chacun ressent à sa façon les émotions suscitées par la pratique du saut en parachute .C' était vrai dans les années 40 , et l' était encore dans les années 70 au temps du CAMP d' IDRON.